Harcèlement, cancer et mort

Publié le par FLO

Nous revenons de vacances et j'ai laissé Mickaël chez lui, chez toi. Toi qui n'es plus là... Je ne peux m'empêcher de penser que rien ne te serait arrivé si tu avais été mieux entourée. Ton cancer, c'est bien à certains de tes ex-collègues que tu dois sa fulgurante progression!
 L'an passé, à pareille époque, a commencé la dernière dégringolade à laquelle personne ne croyait. Tout s'est enchaîné très vite: Ton corps se rebellait à haute voix, les hospitalisations  succédaient 
aux scanners, IRM et autres joyeusetés. On t'a prescrit des rayons pour combattre le mal. Tu as gardé tes magnifiques cheveux mais perdu tes forces, ton appétit, ton équilibre. Te lever ou t'asseoir sur le lit est rapidement devenu impossible. Plus de muscles, plus de ressort, et cependant encore de l'espoir. C'est seulement une petite semaine avant ton départ définitif que tu m'as demandé " tu crois que je vais guérir, maman?"
 Je viens de relire ce que tu écrivais à l'époque...

Je m'appelle Florence, j'ai 45 ans et j'élève depuis 16 ans un petit ange nommé Mickaël. Je suis comme on dit une jeune femme bien dans sa peau, ou tout du moins en apparence !

... 

Cette année 2006 a été chaotique à plusieurs points de vue.

Depuis quelques mois, au travail, c'est l'angoisse. Je n'ai qu'une envie, c'est en partir ! mes parents et mon frère me disent que je dois tout faire pour récolter des preuves du harcèlement moral dont je suis victime. Difficile de se trouver dans cette situation ! car je pense à la fois être effectivement victime, et en même temps, si l'on me fait des reproches, c'est qu'il y a des raisons !! Je suis pourtant employée dans cette entreprise depuis 6 ans et demi, et on ne m'a jamais rien reproché avant....

Que s'est-il donc passé pour que l'on s'acharne ainsi contre moi ??

Dans un souci de discrétion, le prénom des protagonistes a été modifié.

Tout a commencé lorsque nous avons changé de président. C'est le style arriviste qui ne craint rien, qui a les dents longues, bref, ressemblant  à un certain président un peu plus popularisé..... Le problème, c'est qu'il a à ses côtés un directeur que l'on peut  qualifier comme son acolyte  dans tous les sens du terme, mais qui parvient quand même à lui faire avaler des couleuvres concernant le personnel. Lorsqu'il a quelqu'un dans le nez, le pauvre a du souci à se faire ! 

... 

Pour ma part, je dus faire face à l'agressivité permanente d' Agnès qui prenait un malin plaisir à me faire passer pour une incompétente... Comme le directeur ne supportait pas les conflits, Agnès obtenait toujours gain de cause. Pire, c'était de ma faute car je ne savais pas me défendre...

J'ai commencé à  mal dormir, et à être mal dans ma vie quotidienne. Je ne pensais qu'à ça. Je ne supportais pas l'injustice et au fond de moi, j'étais persuadée que quelque chose clochait ! Certains de mes collègues s'en apercevaient, mais ne disaient rien. Cela arrive dans toutes les boîtes et ça va passer... Je me sentais seule et je voulais partir. 
 

Le 8 novembre,  Claude, père de Florence, meurt subitement.
 

Les jours et les mois qui ont suivi furent pénibles. Au travail, c'était toujours la même chose et je crois que le directeur a profité de ma fragilité émotionnelle pour me déstabiliser encore plus. Plus ça allait, plus les choses devenaient invivables puisque quoiqu'on fasse, Agnès obtenait gain de cause. Finalement, Cathy finit par démissionner car elle n'en pouvait plus de cette pression. Ce fut en mars que commencèrent mes premiers ennuis de santé. Une pyélonéphrite m'obligea à rester à la maison. 

Ce n'était là que le départ d'un lourd combat !

Mi-mai, alors que j'étais au bureau, je sentis soudain une douleur fulgurante me traverser le ventre. Je ne pouvais plus tenir. Ma collègue et amie Audrey réagit le plus rapidement et téléphona aux pompiers.


 Consulter la page 4 de la liste complète pour connaître tout ce que Florence a enduré dans ces 18 mois qui l'ont conduite au tombeau.


 Voilà sept mois que toi, ma petite fille si pleine de vie, tu es allée rejoindre tes grands-parents et père, et je n'arrive toujours pas à réaliser que tu es partie. Que dire alors de Mickaël? Pour l'instant il est bien. Mais qu'en sera-t-il dans les prochaines semaines? Comment va-t-il aborder cette nouvelle année lycéenne?
 J'espère que le bon temps pris à St Brévin en compagnie des enfants qui le traitaient comme un grand frère, lui aura donné un sens plus aigu des responsabilités.
 J'attends et j'espère...

Publié dans CHEZ NOUS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
R
J'espère que les langues vont enfin se délier (ce qui semble hélas encore loin d'être le cas) et que les responsables seront punis d'une façon ou d'une autre... Courage.Le Rescator
Répondre