Moderne Zorro

Publié le par FLO

  Toujours prêt à rendre service comme le soulignent tous ceux qui ont appris son décès, anciens clients ou simples connaissances, il n’hésitait jamais à prendre la défense de la veuve ou de l’orphelin. Que ce soit pour permettre à Francine de récupérer son argent indûment gardé par un potard de mauvaise foi, ou invectiver un propriétaire de chien laissant vagabonder son animal responsable de la chute d’un enfant. Ainsi, il s’était proposé à servir de témoin à une jeune automobiliste accidentée devant chez nous. Son adversaire ne voulant pas reconnaître ses torts, Claude avait pris des photos, donné notre adresse afin que les assurances puissent le contacter pour qu’il leur envoie son témoignage.
   Une autre fois, toujours en août, il avait aidé un automobiliste victime d’une rencontre inopinée avec un panneau routier, à dégager la voiture qui gênait la circulation en la soulevant avec l’aide de Pierrot. Mal lui en avait pris, car il nous revint, en se tenant les côtes,  et respirant difficilement. Aussitôt, Catherine se précipite, tenant en mains sa panacée, un flacon de schnaps, fait étendre Claude sur le divan et se met à le frictionner.  Est-ce l’arôme du remède, l’efficacité du massage ou les reproches sous-entendus de nos rires ictériques, toujours est-il qu’il s’est relevé promptement. Et nous lui avons fait promettre de ne plus soulever que des dossiers…


Il me revient à l’esprit un fait que me contait Claude soulevé par une juste colère et que me corrobora Michel, son collègue montluçonnais à Guelma. Ils travaillaient tous deux dans le même bureau, montaient les gardes de jour ou de nuit à tour de rôle, faisaient également les patrouilles à la tenue alternativement et côtoyaient dans ces mêmes activités un jeune séminariste originaire d’Alsace, Joseph. Or ce dernier n’était pas bien vu de son supérieur, un adjudant assez borné qui fréquentait assidûment le BMC et se moquait allègrement de Joseph et de sa vocation. Pour preuve de son inimitié, il le mettait de garde plus souvent qu’à son tour. Exaspéré par ce manège, Claude avait conseillé à Joseph de se rebeller. Peine perdue, il pensait rendre service aux autres soldats. Alors, comme le juteux continuait ses rebuffades, mon époux a pris un jour ledit adjudant entre deux portes et lui a fait comprendre que s’il ne lâchait pas Joseph, lui, Claude ne manquerait pas d’avertir sa femme de ses fréquentations. A partir de cet instant, il s’est tenu tranquille, ce qui n’a pu qu’arranger Joseph. Nous avons appris récemment par Catherine que le père Joseph était décédé en Alsace voici quelques années seulement.

Publié dans PROSE

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