Boires et déboires
En remontant dans le temps, et avant de devenir navigateur au court cours, Claude fervent adepte de la pêche, passait de longues heures avec son père, au bord de l’Indre sur le « coup » qu’ils avaient aménagé. C'était un endroit charmant. Entouré en amont et en aval par deux moulins ayant appartenu aux familles Fath et Berthier (haute couture et parfums me semble-t-il) avec déversoirs, canaux de dérivation appelés "boires" et sur lesquels on pouvait flâner au fil de l'eau ou pêcher, également. Ils n'avaient qu'un seul défaut: leur fréquentation par des invités que je me serais volontiers passée de voir - les rats et ragondins - ; ces derniers plus ou moins involontairement importés du Canada et qui avaient trouvé là un terrain très propice à leur développement.
Là, de l’aube au crépuscule, ils taquinaient le goujon, peut-être, les carpes, tanches et autres. Arrivé à St Brevin, il avait amené son frère dans un pré traversé par un étier qui se remplissait à marée montante, où frétillaient pas mal de poissons. L’étier n’était pas large. Chacun s’était installé de part et d’autre du ruisseau, Claude un peu en amont par rapport à Pierre. Au bout d’un certain temps, voyant que rien ne mordait, ils décident de rentrer. Claude sans doute engourdi par une trop longue station assise, prend son élan, bondit au-dessus de l’étier, et … patatras, glisse sur la berge embourbée ! Il atterrit dans un piteux état. Tout couvert de vase, et rapportant avec lui cette délicieuse odeur caractéristique de « fraîchin » qui empoisonna ses habits et l’habitacle de la voiture un certain temps. A défaut de poisson…