Communion d'autrefois
Depuis notre retour des Landes, j'étais inscrite à l'Institution Ste Marie qui se trouvait près de la place de la Victoire. Comme mes parents habitaient à Bègles , je restais chez mes grands-parents plus proches de cette école. Les jeudis et dimanches, je les passais à Bègles où je retrouvais papa, maman et Francine. Cette dernière fréquentait l'Institution de la Ferrade en primaire et dès son entrée en sixième, nous nous sommes retrouvées à Ste Marie. C'est là qu'elle a fait sa communion solennelle à 12 ans.
A cette époque, les filles portaient un costume plus ou moins sophistiqué selon les familles. En général, on s'arrangeait pour se le prêter parce que même la location en revenait fort cher. Robe, bonnet, voile, aumônière, gants, sans oublier socquettes, chaussures, missel, chapelet, images à offrir aux amis et connaissances, la chaîne avec la médaille de communion gravée, et le repas partagé par les membres de la famille, tout cela faisait de cette journée dispendieuse un gouffre pour les porte-monnaie mal garnis. Grand-mère, veuve depuis sept ans et son amie Marthe dont le fiancé était mort à la guerre, tout de noir vêtues, voisinent avec Lizou et Robert, tandis que Patrick et Hélène, les plus jeunes sourient au photographe. Josette ma cousine aînée et Mme Comte, notre voisine, entourent Francine. Maman, notre couturière préférée, et papa sont à mes côtés. Quelques années plus tard, l'aube blanche pour garçons et filles remplacera ces habits trop coûteux qui accentuaient les différences. Cependant une autre coutume s'est établie: celle d'offrir des cadeaux de plus en plus high tech et onéreux. Où en est l'esprit de pauvreté et d'amour?