Grand-père,papy,pépère

Publié le par FLO

 
Pourquoi les grands-pères ont-ils l'art de séduire leurs petits-enfants ?

 Celui que j'ai connu (l'autre était décédé très jeune alors que mon père était un jeune ado), je repense toujours à lui avec tendresse. Je le revois dans son jardin, me montrant les fraises mûrissantes, soignant les arbres fruitiers (un gros cerisier, un poirier) coupant les branches de lilas, passant des heures à lire son journal dans les toilettes - ce qui mettait ma grand-mère en rage - revenant de sa partie de boules avec les copains en sifflotant sur deux notes, me félicitant lorsque je mettais le couvert sans rien oublier, gardant un calme olympien même dans les cas difficiles. Un soir que nous étions tous couchés, l'alerte est donnée. Nous devons descendre aux abris. Fébrile, ma grand-mère m'habille et rouspète après son mari qui lui répond "Si je dois mourir, autant que ce soit dans mon lit!" Nous sommes allées seules dans la cave d'où nous parvenaient les ronflements des avions bombardant la gare St Jean, à moins que ce ne fussent ceux de grand-père !
  Quand il venait nous voir dans les Landes, c'est avec lui à mes côtés que je montais sur l'âne de la voisine pour une promenade champêtre. Je me souviens de sa figure joviale et de la douceur de son caractère régulier autant qu'affable. Comme je suis l'aînée de ses petits-enfants, c'est moi qui ai eu le bonheur de le mieux connaître et de le faire apprécier de mes soeur et cousins plus jeunes. Maman avec qui il participait à la chorale des cheminots, le suivait dans la plupart de ses déplacements et c'est ainsi qu'elle a visité pas mal de régions et connu avant moi la partie troglodytique de notre belle Touraine .

   Dès que j'ai débarqué ici, j'ai retrouvé en mon directeur et futur beau-père, le sosie de cet homme bienveillant  et généreux. Chaque fois qu'une bêtise était faite par l'un de ses proches, il n'avait de cesse de la réparer pour éviter les réprimandes justifiées. Ainsi, vous deux, et sûrement  Sylvain ou Mélina aussi , vous avez eu souvent recours à ses services: un carreau cassé, un appareil mal utilisé, un car raté, un mauvais carnet à faire signer et que sais-je encore? Il était là pour apaiser des parents trop prompts à sévir...C'était encore lui qui confectionnait les jouets, réparait les voitures à pédales ou les vélos maltraités. C'était devenu un leit-motiv. Si quelque chose ne fonctionnait pas... "allo, pépère" , et le réparateur universel - chez nous on aurait dit le "michel morin"- arrivait en toute hâte.

  Ton autre grand-père, Jeannot, ainsi que tu le nommais familièrement, était tout sauf un manuel. Sa passion à lui, c'était la lecture. Sa bibliothèque regorgeait de romans de cape et d'épée entre autres, qui plus tard ont fait mes délices. Non seulement la lecture mais les mots croisés.
Confortablement installé dans son fauteuil, il aimait se repaître également de bel canto. "La Tosca" était avec Carmen ou Mme Butterfly un de ses opéras préférés. Quand il se mettait à entonner "Une maîtresse entre mes bras pâmée...", maman essayait de le faire sinon taire du moins chanter en sourdine( "tais-toi, Jeannot, tu vas ameuter tous les voisins") tandis que nous, ses filles et petits-enfants nous amusions beaucoup...et en rajoutions. Il est vrai qu'il possédait une forte voix de ténor. D'ailleurs, dans les Landes, alors qu'ils étaient jeunes mariés, il appartenait , lui aussi, à la chorale des cheminots. En dehors de cela, il se passionnait pour le rugby et ne manquait aucun match à Musard où il allait encourager les Béglais de sa voix tonitruante.
Il ne vous a pas vus grandir, étant donné la distance qui nous séparait. Cependant toi aussi Florence, tu l'aimais beaucoup et il te le rendait bien  Philippe au moment où il préparait archi à Talence, le fréquentait assidûment et avait fini,à force de persévérance à lui faire aimer le foot et les "Girondins" en particulier.  Cyril a eu la chance de le fréquenter régulièrement jusqu'à l'âge de trois ans,  et le courant passait bien entre eux.

Papy Claude a été le dernier en date à jouir de la présence de son unique petit-fils. Mickaël ne voyant plus son père, c'est lui qui servait de référent masculin. Mêlant enseignement, autorité et tendresse, il lui a apporté, du moins je pense, l'équilibre faisant défaut aux familles monoparentales. Tous deux ont partagé les jeux d'extérieur (foot, pêche, char à voile, bateau,baignades) les activités manuelles (travail du bois notamment) alors que je lui réservais la confection des pâtisseries, les jeux de société,
les balades, les contes ou manips sur l'ordi...(Quant à ce dernier, je suis depuis longtemps redevenue élève)

Oui, un grand bravo aux grands-pères! Ils sont indispensables à leurs descendants. Dommage que ces derniers ne les connaissent que peu ou pas.
A la mort de mon grand-père, j'avais 10 ans, Francine 5, Patrick 1, et ses soeurs Hélène et Mony étaient encore à venir.
Lorsque pépère nous a quittés, Florence, tu avais 20 ans, Phil 18, Sylvain 8 et Mélina 4 .
Jeannot est parti 2 ans plus tard. Florence tu avais 22 ans, Phil 20 et Cyril 4ans.
Enfin quand ce fut le tour de Claude, Mickaël avait 14 ans

Plus ça va moins il y a de descendants. Et l'on dit que la France est le pays européen qui se repeuple le plus...

Publié dans PROSE

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